Journal du bord du festival berlinois depuis 2008

°critiques°interviews°rencontres°ambiance°images°

dimanche 17 février 2008

South Main

Voilà un antidote aux documentaires choc à l'américaine sur les gangs et les violences à LA. Loin des formats classiques du genre (montage rapide, scènes de nuit, témoignages larmoyants, coups de feux dans la nuit), South Main s'attarde en longueur sur trois familles du quartier de South Central, l'un des quartiers les plus violents de L.A., USA. Kelly Parker, encore étudiante, a choisi le long cours (neuf mois) et l'intimité dans son premier documentaire.
En 2005, les autorités de Los Angeles décident à grands coups d'annonces médiatiques, qu'un des immeubles de South Central où logent nombre de gangs, va être détruit, et les familles qui y habitent, relogées. Le film débute par ce déménagement. La jeune femme va alors suivre trois femmes et leurs enfants dans leur "nouvelle vie", du moins leur nouveau logement, loin de ce quartier. Toutes découvrent le calme de la vie ailleurs. C'est un film de femme, sur les femmes, et toutes les ressources qu'elles déploient pour survivre en milieu hostile. 
La plus jeune ouvre le film par une longue séquence où elle raconte avec un débit incroyable comment son petit ami vient de mourir dans ses bras, atteint par une balle dans le cœur à l'épicerie du coin. Elle est enceinte. Le film se terminera d'ailleurs sur la naissance de sa petite fille. La caméra de Kelly Parker est posée, immobile, patiente. Les instants qu'elle capte s'étirent en longueur. Les femmes ont le temps de s'y exprimer, de s'y taire, de pleurer aussi. Par moments, les enfants prennent en main une petite caméra pour des séquences très "bougées". Kelly Parker a ainsi voulu que ceux qu'elle avait filmés pendant si longtemps aient aussi leurs "images" à dire, à montrer. Il m'a parfois manqué un peu les subitilités du vocabulaire pour tout saisir dans le flot de paroles. Mais South Main fait très bien passer ce que signifie être femme, noire, seule avec des enfants, pauvre, dans un quartier violent de L.A.. Hard Life mais Life quand même.
Stéphanie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire