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dimanche 17 février 2008

Megane - Lunettes

On n'y croyait plus mais si, le voilà, LE film drôle de la semaine. Il était temps, on est samedi, il est 19h, les invités prestigieux foulent le tapis rouge. J'ai plutôt la bonne idée d'aller au Zoo (Palast) me la couler douce pendant deux heures sur une île paradisiaque du Pacifique. Si la réalisatrice était française, j'aurais dit que ce film était un hymne poétique à l'anti-sarkozysme. Mais non, Naoko Ogigami est bien Japonaise. Et Megane ça veut dire Lunettes dans sa langue. Quel rapport avec le film?  Aucun. Enfin si, tous les personnages en portent…??... Le reste du film est à l'avenant, poétique, léger, absurde, vital… Une éloge de la paresse et du savoir vivre version zen.
Taeko, femme de la ville, active, professeur, débarque hors saison dans une petite pension d'une île du pacifique japonaise. Mais tout ne se passe pas comme elle l'avait prévu. Le petit déjeuner n'est servi qu'après une séance de danse sur la plage, une vieille femme vient la réveiller avec le sourire tous les matins, et quand elle demande ce qu'elle peut faire comme visite dans le coin on la regarde avec des yeux ronds en lui expliquant qu'ici, il n'y a qu'une chose à faire, c'est ne rien faire, attendre que les choses se passent. Taeko résiste longtemps, accrochée à "ce qu'il se fait/ce qu'il ne se fait pas". Quoi, elle se plierait aux règles de ce trou paumé où les glaces se payent en morceaux de mandoline, les repas se prennent ensemble, les heures s'écoulent sans tourment à attendre que le poisson morde, à regarder les mouvements de l'océan turquoise? "Comment fait-on pour être bon à ne rien faire?" s'inquiète Taeko? L'humeur égale et aimable des trois habitants de cette pension étrange finit par la gagner. Petit à petit elle savoure le plaisir d'être et non pas d'agir. Dans une économie de mouvements, Naoko Ogigami, fait glisser sa drôle de troupe en douceur dans le burlesque. Le peu de dialogues fait mouche. Rien n'est en trop, dans ce film à l'équilibre parfait.
Stéphanie

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