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mercredi 13 février 2008

Lemon Tree

Que peut un champ de citronniers face au béton armé d'un mur de séparation? Que peut une femme seule palestinienne face aux services secrets israéliens? "Lemon Tree" est un conte pour deux femmes, l'une istraélienne, l'autre palestinienne, avec pour décor une guerre qui depuis trop longtemps s'insinue dans les moindres recoins de la vie intime.
Salma vit seule dans sa maison, à Ramallah. Tout autour des citronniers, aux fruits lourds. Un champ planté par son père. Son fils est parti aux Etats-Unis étudier. Sa fille vit loin, son mari est mort il y a dix ans. Seulement les champs de Salma bordent la frontière isréalienne. Le jour où dans la maison d'en face s'installe le nouveau ministre de l'intérieur et sa femme, sa vie austère va se transformer en cauchemar.Comme dans "La fiancée syrienne", le cinéaste Eran Riklis explore le champ de l'absurdité et de la guerre à travers le portrait de femmes fortes, pas tout à fait résignées. Le combat est toujours inégal. Salma sait bien qu'elle ne peut rien face à la décision israélienne de raser ses arbres. Elle veut juste livrer la bataille, ne pas courber l'échine, puisque de toute façon il ne lui restera rien. De l'autre côté des barbelés, Mira, la femme du ministre, observe intriguée et touchée la vie de cette femme. Rikils souligne l'escalade insensée qui pousse aujourd'hui Israël à élever des murs toujours plus hauts. Pour se protéger ou pour ne pas voir ce qui se passe de l'autre côté? Dans sa maison-prison, Tilda cherche à voir quand même. Seuls des regards sont échangés avec Salma. Parallèlement, et sans jamais pouvoir se parler, les deux femmes se lancent dans une même rébellion silencieuse. Salma, contre l'Etat d'Israel, mais aussi contre une société patriarcale étouffante. Mira, contre le sentiment de peur et d'insécurité, contre ses gardes du corps, contre son mari qui représente cette inébranlable certitude israélienne. Dans une veine très classique, sans grand effet de surprise, le film sonne assez juste, et soulève de véritables questions sur la peur de l'autre, l'incommunicabilité. On regrettera la direction de l'actrice principale Miam Abbas (magnifique en femme révoltée dans La fiancée syrienne) qui l'amène à camper une sorte de quintessence de la femme arabe fière et droite, et à forcer la dignité de son personnage. On l'aurait aimée plus humaine et moins "madonne"…
Stéphanie

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