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lundi 11 février 2008

La voix de Patti Smith

"Je n'avais encore jamais vu ce film sur un écran aussi grand et dans une salle aussi chargée d'histoire", lance l'égérie rock Patti Smith, après la projection samedi soir du documentaire qui lui est consacré "Patti Smith – Dream of Life", dans le très "DDR touch" Kino International. Le public ovationne avant même la projection, la salle est pleine à craquer. Mais qu'applaudit-on exactement, la star, la rockeuse, une époque révolue (celle du New York beatnik des Ginsberg, Burrough et consorts) ou la qualité du film? Moi, j'ai l'avantage de très peu connaître le personnage, pas plus sa musique. Du coup le documentaire de Steve Sebring me semble parfois un peu trop "intimiste".
Ce photographe de mode qui a passé les onze dernières années de sa vie à filmer très régulièrement la poétesse rock, a pris le parti de ne rien faire de linéaire ou de chronologique, privilégiant une approche très personnelle et sensible, comme pour toucher au plus près la vie intérieure de l'artiste. Patti Smith est partout, tout le temps. Elle caresse un chat, gratte une vieille guitare fétiche, se balade dans le jardin de ses parents, joue de la clarinette sur une plage, part en pèlerinage sur les traces de Rimbaud… Le grain épais de la pellicule enveloppe en douceur le visage creusé et ridé de la chanteuse.
Et puis elle est sur scène. Et c'est là que toute l'énergie de cette femme se révèle. Sa voix qui chante, sa voix qui éructe un poème au bord des larmes, sa voix en colère qui s'élève contre l'ineptie de ce qui se passe en Irak et de la politique de G.W.Bush. Sa voix transperce, sa voix appelle et interpelle. Ce n'est pas le rock qu'elle chante, c'est la rage, le combat jamais terminé. A 62 ans Patti Smith, malgré le succès, malgré le renom, n'a pas cédé au raisonnable et au bien-pensant. Et moi dans mon fauteuil je me dis que c'est son concert de la veille, dans une église berlinoise, que j'aurais dû aller voir. Pour en vrai, entendre sa voix.
Stéphanie

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