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mercredi 13 février 2008

Sag mir, wo die Schönen sind… (Les belles de Leipzig)

Elles ont galéré pour trouver des bikinis colorés bien découvert sur le haut des cuisses… A l'époque se souvient l'une d'entre elles, en RDA ne se vendaient que des maillots épais dont la matière n'arrivait jamais à sécher. Nous sommes à Leipzig (à l'est de l'Allemagne, à proximité de la frontière tchèque) en 1989. Là où les premières manifestations à l'automne entraîneront la chute du mur partout en Allemagne. Pour l'heure nous n'en sommes pas encore là. Les beautés de Leipzig défilent pour savoir qui est la plus belle. Ce sera le dernier concours de beauté organisé sous l'ère communiste.
A l'époque Gerhard Gäbler, un jeune photographe, s'intéresse à ces jeunes femmes pour son projet de fin d'étude : il les photographie chez elles et sur leur lieu de travail, et les interviewe avec un petit magnéto. Chacune d'entre elles va livrer ses rêves, sa vie, son passé. Elles sont chauffeur de tramway, chef des jeunesses socialistes, ouvrières, cuisinières, sages femmes, étudiantes… Elles rêvent de célébrité, de liberté ou de vie familiale… Ce concours est pour beaucoup prétexte à s'échapper d'un quotidien morose.18 ans plus tard le même photographe les a recontactées et avec l'aide du réalisateur Gunter Scholz a fait un film sur ce qu'étaient devenues ces "beautés 1989 de Leipzig". On ne retiendra pas les images et la réalisation, assez ennuyeuse. Mais on n'oubliera pas les visages de ces neuf femmes qui nous livrent de manière très sincère leur parcours depuis la chute du mur. C'est un bout d'histoire de l'Allemagne qu'aborde ainsi ce documentaire. Comment ont-elles vécu les changements après la réunification? Comment ont-elles réussi à s'adapter aux critères, et aux nouvelles normes de la société capitaliste? Qui est resté, qui est parti? Comment fait-on son chemin malgré tout…
Au début du film hier après-midi, le réalisateur demande juste au public de faire attention aux rires pendant le film, certaines des femmes étant ce jour là dans la salle. C'est qu'elle se livrent sans maniérisme devant la caméra de Gäbler. Il réussit à faire parler avec confiance ces femmes de 40 ans dont la vie est encore devant elle mais dont certaines ont traversé des périodes difficiles. Aujourd'hui architectes, attachée de presse, sage femme, postière, femme de chambre ou femme au foyer, elles se souviennent, parfois avec nostalgie, souvent sans aucun regret, de leur vie d'antan. Dans la salle les rires fusent lorsqu'il est question de ces différences entre l'Ouest et l'Est. L'une des participantes se souvient d'avoir concouru avec une armée de poils longs et noirs sur les jambes. "C'était probablement le seul endroit du monde où cela n'importait pas pour devenir reine de beauté" !
Stéphanie

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