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samedi 16 février 2008

3 Zan - 3 Femmes

Sur l'autoroute, une jeune femme voilée, jeune, belle, jette son portable par la fenêtre de sa voiture. Dans un 4x4 rose, sa mère et sa grande-mère, sénile et muette, parcourent la ville à la poursuite d'un tapis antique. Comme les nœuds des tapis persans qui jalonneront l'histoire de ces "3 femmes", la réalisatrice iranienne Manijeh Hekmat tisse un canevas solide et subtil.

Un matin, Pegah, jeune étudiante et photographe vivant avec sa mère et sa grand-mère, décide de fuir. Vers où, pourquoi? On ne le saura pas (le sait-elle elle même?). La jeune fille file, loin, pendant que sa mère, Minou, femme mûre splendide, cultivée et affranchie se fait du mouron à l'autre bout de la ville. Quant à son tour la grande mère sénile s'échappe sans rien dire du 4x4 rose avec sous le bras un tapis antique de grande valeur, le monde de certitudes de Minou se fissure. 
L'essence du film tient dans ce temps suspendu de la fuite. Les personnages y flottent dans un espace-temps dilué et flou. Forcée elle aussi de suspendre sa suractivité habituelle, Minou découvre en leur absence la face cachée et les secrets de sa fille et de sa mère. Sur le chemin des trois femmes, un Iran multiple, traditionnel et moderne se dévoile. On les suit dans les caves rock enfumées de la ville, dans les villages enneigés de la montagne, on y croise des femmes divorcées, étudiantes, amoureuses, et des femmes lynchées. La réalisatrice égrène les symboles sur leurs chemins qui semblent prendre trois directions différentes. Pour mieux se retrouver, ou pas.
Stéphanie

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