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dimanche 17 février 2008

Ballast

La révélation de la Berlinale, à mon avis. Le seul film en compétition qui affiche un cinéma sans concession, radical, différent. Lance Hammer réalise là son premier long métrage. Nous sommes dans la campagne pauvre et dévastée du Delta du Mississipi. Le ciel est gris, la terre boueuse, on se croirait au fin fond des terres Médocaines ou dans la Somme au mois de novembre. Le tout est enveloppé dans une lumière froide, grise, métallique. Dans ce paysage de désolation de l'après Katrina, une famille noire américaine tente de survivre malgré les coups durs.

Quand on découvre Lawrence, il est dans son canapé, immobile. Géant costaud et muet. Le voisin frappe à la porte, entre et découvre le corps de son frère jumeau Darius, mort dans son lit. Lawrence veut mourir, Lawrence court se tirer une balle dans le ventre, Lawrence en réchappe. Alors maintenant il va falloir survivre, sans l'autre, sans rien. Et voilà que ressurgit dans sa vie l'ex de son frère, Marlee, et son fils, James qui n'a presque pas connu son père. Trois êtres à la dérive, empêtrés dans une vie à la limite du supportable, se re-découvrent avec méfiance. Hammer revendique un certain cinéma: ses acteurs sont tous des débutants, il tourne caméra à l'épaule, sans éclairage artificiel, capte le souffle, les bruits du corps, laisse peu de place au dialogue. Les frères Dardenne ne sont pas loin. L'économie de moyens n'enlève rien à l'esthétique développée par le jeune cinéaste. De dos, dans l'ombre, les personnages affrontent leur quotidien de manière désespérée, souvent dans la solitude. Même la nature est hostile, sans charme, encore prise dans les eaux du déluge. Comme si Hammer avait résolument voulu tourner le dos à la lumière et au sentimentalisme.
Stéphanie

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