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mardi 12 février 2008

Julia

Alors il est comment ce dernier Erick Zonca ? Bien que pas trop portée sur le film français pendant ce festival, ce "road movie désespéré vers le Mexique", inspiré paraît-il de "Gloria" de Cassavetes m'a alléchée. J'avais beaucoup aimé La vie rêvée des Anges. Pour son grand retour (rien tourné pour le cinéma depuis La Vie...), Zonca a décidé de tourner en anglais, aux Etats-Unis. Julia, la cinquantaine encore flamboyante mais trop imbibée, arrive à un moment de sa vie qui ressemble à une impasse. Trop seule, trop endettée, trop alcoolisée. Pour se refaire elle ne trouve rien d'autre que d'enlever un gosse de riche de 5 ans. Commence alors un road-movie chaotique et voué à l'échec qui mène la femme et l'enfant jusqu'aux quartiers malfamés de Tijuana au Mexique.
J'aurais aimée être dithyrambique. Il y avait vraiment de quoi : un personnage ambivalent, désespéré, imprévisible, une actrice à la hauteur, un film lumineux, une photographie magnifique…. Tilda Swinton est parfaite en grande rousse allumeuse et alcoolique. Ses séances de réveil la bouche pâteuse, ses éclairs de folie, ses coups de tête, ses colères. Pourtant le film s'enlise dans des rebondissements poussifs qui sur la fin du film frôlent le ridicule. Zonca annonce avoir voulu "surjouer" et garder au personnage une certaine fantaisie. Du coup le film oscille maladroitement entre drame et comédie, ne trouve pas son "tempo" et perd en intensité. La partie mexicaine est souvent à la limite de la caricature d'un Mexique surarmé, peuplé d'hommes mal intentionnés et de gangsters à la petite semaine, qui ne cherchent qu'à plumer les gringos. On remercie par contre Zonca de ne pas avoir cédé à la facilité du tandem, adulte au coeur dur/enfant attendrissant (on est loin du Léon de Besson).
L'influence de Cassavetes se retrouve dans la façon de filmer de Zonca. Sa caméra vive, collant à Julia, ses jeux de lumière, souvent aveuglante… Cette "grande girafe" qui tangue souvent sur ses longues jambes rappelle effectivement la démarche de Gena Rowlands dans Une femme sous influence. On pense aussi forcément à Thelma et Louise. Comme elles Julia n'a plus rien à perdre et s'embourbe toujours plus dans des situations de non-retour. Mais le Julia de Zonca n'aboutit pas à la même intensité finale. Il y a beaucoup de cris dans la dernière demi-heure. Une agitation qui semble juste là pour rattraper un scénario à bout de souffle. Zonca sait indéniablement mieux filmer les pauses et les entre-deux. Comme dans cette scène magique où Julia et l'enfant se retrouvent quelques minutes dans un lit baigné de la lumière mexicaine laisse tout à coup éclater toute la fragilité et le besoin d'amour du personnage dans une économie de mots.
Stéphanie

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