Journal du bord du festival berlinois depuis 2008

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mercredi 13 février 2008

De l'inconvénient d'avoir un rhume au cinéma...

Hier soir 1h du mat. J'ai mal à la tête, j'ai froid, je sors de quatre films depuis 14h30. Je suis sur l'Alexander Platz, là où j'ai commencé mon marathon cinématographique cet après-midi. Je viens de rater la dernière correspondance pour rentrer. Il est où ce putain d'arrêt de bus de nuit. Tiens j'en voix deux qui passent au loin. Zu spät. Cette place est demésurée. Y'a bien trois tramways, mais ils circulent qu'à l'Est. Ca m'apprendra à renoncer au vélo. Allez tant pis, je monte dans un taxi. Avachie sur la banquette en cuir, je ressasse cette journée de cinéma mitigée…
Premier rendez-vous au Cubixx sur l'Alexander Platz. Je n'étais jamais venue. Un gros cinéma mais qui a l'avantage d'offrir la plus belle vue sur l'Alex, sa Fernsehturm, sa gare, son horloge. Au quatrième étage m'attend "Coupable" de Laetitia Masson. Ca démarre mal. La voix off de Michel Onfray qui s'écoute parler sur le désir, le couple, la fidélité le mariage, sur fond de lac d'Annecy au petit matin. Ouaahh, la quintessence de ce qui m'ennuie dans le cinéma français. Suivent une succession de gros plans sur des gens qui parlent (à leur psy?) de leur rencontre amoureuse. Pourquoi est-ce que je ne suis pas partie? Peut-être que ça me repose de voir enfin un film en français sans avoir à scruter les sous-titres en allemand pour comprendre… C'est gris, c'est chiant, c'est déprimant, ça n'a pas de souffle. Depuis le début du festival c'est vraiment le premier film que je vois qui n'accorde aucune importance au cinéma et préfère le bavardage. Je me demande toujours qu'est-ce qui motive un réalisateur(trice en l'occurrence) à engager autant d'argent, d'énergie, de gens, dans un projet de film qui n'a aucun intérêt, qui est voué sinon à l'échec du moins à l'indulgente indifférence. Bon bref j'ai perdu mon temps. En même temps comme on peut voter dans la section Panorama, ça me permet pour la première fois de cocher la case "ärgerlich" qui veut dire "à oublier". Applaudissements quand même à la fin. Ils sont polis ces Allemands.
Retour à la Potsdamer Platz. Dans le métro, deux catégories : les gens qui font les allez-retours entre les salles du festival en rouge et vert et les supporters du Herta Berlin qui se rendent à l'Olympia Stadion en bleu et blanc. Moi j'ai surtout le nez rouge.
Y'a foule pour aller voir le documentaire "Sag mir, wo die Schönen sind…" (Dis-moi ce que sont devenues les Beautés…), projeté dans la section Panorama aussi. C'est la première, l'équipe du film est là, y'a plus une place pour s'asseoir dans la salle plutôt grande du Cinestar (la numéro 7). C'est comme ça pour tous les films allemands du festival, c'est blindé. Là le documentaire tourne autour de neuf portraits de femme qui avaient toutes participé en 1989, à la dernière édition du concours de beauté de Leipzig en version DDR. A l'époque un jeune photographe avait fait leurs portraits pour son projet de fin d'études et avait aussi fait de courtes interview enregistrés sur cassette où elles racontaient leurs rêves, leur vie. 18 ans plus tard, il les a retrouvées et les fait témoigner sur les évolutions, leur vie, leur sentiment…. C'est bien, ça reprend toute cette histoire sensible de la culture Est/ouest en Allemagne. Mais j'en fais une chronique à part dans le blog… Quatre de ces femmes sont dans la salle. Ca applaudit à tout rombre. Bon là j'ai coché la case "intéressant" sur le bulletin de vote.
J'ai épuisé tous mes mouchoirs, je commence à avoir vraiment la tête lourde. Je suis engourdie. Allez je vais voir Samuel au "Karten counter" histoire d'aller parler un peu. Il finit sa journée dans dix minutes. 11 heures derrière un comptoir à bipper des badges et dire aux gens "ausverkauft"… On va boire un coup au bar du Cinemaxx. On peut plus fumer ici. C'est plein de gens avec des sacs rouges et verts et des badges autour du coup.
20h, troisième séance de la journée : "Piao Lang Qing Chun" ou "Drifting Flowers". Pareil salle comble. On me donne deux bulletins cette fois-ci. L'autre c'est celui du Teddy Award. Ce qui me fait comprendre que je vais voir un film "Queer". Moi je savais juste que j'allais voir un film chinois. En fait c'est le film d'une réalisatrice taïwanaise, Zero Chou, qui raconte effectivement ce que c'est que d'être homosexuels dans la Chine d'aujourd'hui. C'est un peu lent, un peu chiant, sans trop d'intérêt en dehors de sa thématique. Je m'endors. Les acteurs(trices) ne sont pas terribles. J'aime bien par contre le système des trois portraits, dans des époques différentes avec des personnages qui se croisent sans le savoir. Le court métrage du début "No bikini" de la réalisatrice Claudia Morgado escanilla est beaucoup plus convaincant. Je vote, quoi d'ailleurs? Je sais même plus. Je pense que j'ai du dire "annehmbar", moyen.
Bon c'est pas le tout mais faut que je me sauve, je dois être à l'autre bout de la ville, au Nord Est à 22h30. J'hésite fortement vu mon état. Je me suis endormie. Est-ce que je vais tenir jusqu'à une heure du mat? Loyse et Emilio sont censés y être, allez j'y vais. Et puis je connais pas le Colosseum, sur la Schönhauser Allee. Et puis "Lemon Tree" j'avais très envie de le voir, mais à l'heure qu'il est je ne me souviens plus trop pourquoi. Le cinéma est immense, au fond il y a une sorte de galerie-cave, j'ai pas le temps d'explorer. Juste cinq minutes pour aller piquer du papier aux toilettes. La salle est pleine à craquer malgré sa taille. "Lemon Tree" est un beau film, de facture assez classique. L'histoire d'une Palestinienne, en Cisjordanie, dont le champ de citronniers est à la limite de la frontière israélienne. Le jour où le ministre de l'intérieur et sa femme s'y installent, sa vie devient un cauchemar. Je reconnais l'actrice, je mets longtemps à me rappeler qu'elle joue la grande sœur dans "La fiancée syrienne". Normal, c'est le même réalisateur, Eran Riklis. Le film est émouvant (pareil, je le chroniquerai à part), l'accueil est chaleureux. Moi je renifle toujours. Mon voisin, pense que je pleure à cause du film et m'offre gentiment un kleenex… il est mignon…

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