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dimanche 17 février 2008

Restless

Tiens, encore une histoire de père, de fils, d'abandon, de liens filiaux, de déprime de la cinquantaine. On dirait que les cinéastes de la compétition se sont donnés le mot. Ou peut-être est-ce l'âge de tous ces réalisateurs et l'expression de leur mélancolie, voire de leur désenchantement. Caos Calmo, Lady Jane de Guédiguian, le film de Zonca, tous concentrent leur action sur des personnages quinqua un peu à la dérive. Le Moshe de Kollek au centre du film Restless, pourrait être le pendant de la Julia d'Erik Zonca. Buveur, loser, menteur, sans attache affective, il traîne dans les rues de New York, de coups minables en bagarres dans les bars.
Moshe a quitté Israël il y a 20 ans et vit toujours dans l'illégalité aux Etats-Unis. Un message lui annonçant la mort de sa femme, là-bas en Israël, lui rappelle qu'il a un fils de 21 ans dont il ne sait presque rien depuis sa naissance. Alors que le soir dans les bars, il déclame sa colère contre un pays qui a trahi ses idéaux et a sombré dans l'ultra-violence, son fils se bat avec zèle dans l'armée israélienne, s'accrochant à l'amour d'un pays pour combler son vide affectif. On en arrive presque à s'attacher à ce poète de trois sous alcoolo aux accents buckowskiens campé par un excellent Moshe Ivgy. L'irruption soudaine du fils dans la vie de Moshe va le forcer à regarder en face ce qu'est devenue la sienne. Kollek aime ce genre de personnage, sans attache, paumé, perdu sur le trottoir New Yorkais. Avec noirceur mais aussi beaucoup d'ironie le cinéaste israélien livre un film à plusieurs niveaux de lecture où il nous parle des idéaux perdus, de l'exil, de la difficulté d'être père et de ce qu'est devenu son pays, Israel. Il a toujours cette fabuleuse manière charnelle de filmer ses personnages de très près, caméra à l'épaule, et ce regard si particulier sur les rues de New York. Ultra-sensibilité, cynisme et sensualité réunies. Un très beau film.
Stéphanie

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