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mercredi 11 février 2009

Mammoth

Je vais tenter un sauvetage de Mammoth, qui a été apparemment sifflé après la projection de presse, et se trouve bon dernier au classement de la presse allemande. Je n'ai toutefois pas élucidé si ce qui a dérangé ces critiques était le propos du film, ou sa forme. L'an dernier, les mêmes avaient vilipendé Tropa de Elite, qui est reparti avec un animal doré dans les pattes.
Dans Mammoth, on suit la vie d'un couple de jeunes riches new-yorkais, leur relation avec leur petite fille Jackie, en parallèle avec les sentiments de Gloria, bonne philippine qui s'occupe de Jackie, gagnant l'argent pour ses enfants restés au pays. Leo (Gael Garcia Bernal, beau, vrai, juste, respect) est un "golden boy des startups", comprenez qu'il a monté un site de jeux vidéos et gagne désormais des tonnes de dollars. Cela reste toutefois un type en basket et surchemise canadienne, avec quand même la classe vu que de toutes façons la classe, il l'a. Il part en Thaïlande pour business en laissant sa fille avec Gloria et sa femme Ellen, chirurgienne chargée des nuits au Downtown Hospital de NY. Le film change constamment de référenciel : New York, où Ellen, maman épuisée et overbookée, culpabilise de ne pas être plus présente avec sa fille ; La Thaïlande, où évolue Leo, qui s'ennuie, s'étonne de la pauvreté ou de la pollution, refuse les prostituées, entouré de ses collègues -et inférieurs hiérarchiques-, businessmen ordinaires qui adorent le clubbing, les stylos en ivoire de mammouth, qui puent l'argent et l'occident ; Les Philippines où les enfants de Gloria tentent de survivre dans leur petite classe moyenne, obsédés par l'absence de leur mère.
Le film explique de manière assez didactique, ou même simpliste voire sentencieuse, l'inégalité des rapports face à des valeurs comme la famille ou l'argent dans un monde globalisé mais inégalitaire. Certes, Mammoth n'évite pas des clichés. Certes, les procédés dramatiques sont odieux. Tout est là : la religion, l'amour filial, la culpabilité, la morale, la folie consumériste des riches, une "parallelité" narrative un peu malhonnête, la liste est longue, mais rien n'est jugé, personne n'est présenté comme le bon ou le méchant.
Pour moi les mauvaises critiques ne savent pas faire la différence entre clichés et vérités. Ce film, très bien senti malgré une dramatisation un peu pathétique, est très juste dans son regard. Indiscutable. Le personnage de Leo est vraiment très très bien écrit -et joué-. Je me souviens de mon ami brésilien Emilio qui avait vu Tropa de Elite l'an dernier et le défendait ainsi : c'est peut-être pas très bien fait, ni très politiquement correct, mais ça aide les gens à voir la vérité en face. Même quand elle nous culpabilise, nous, les gentils. Face the truth.
Enfin ça c'est mon avis...
Rafael

N'hésitez vraiment pas à laisser des commentaires. Je viens de lire que le film avait déclenché une "polémique". Je ne comprend pas ce qui peut faire un sujet de polémique là-dedans. Aidez-moi !

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