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jeudi 12 février 2009

Ne me libérez pas, je m'en charge

Un jour Michel Vaujour a volé. Un petit larcin, mais de la taule ferme à la clé. De ces mois de taule à 18 ans, Michel Vaujour dit qu'ils ont été son "université". Il se fait la belle. Et puis il se fera rattraper. Il ne s'arrêtera plus de s'échapper. Au final 27 ans en prison, dont 17 au mitard, dans la solitude la plus totale et 5 escapades à faire pleurer les scénaristes de film de genre.
Cet homme s'est fait la belle de la prison de la santé avec un hélicoptère piloté par sa femme, ou en braquant un pistolet en savon façonné maison sur sa juge. Il n'aurait jamais du regoûter à la liberté et il est là avec sa gueule même pas trop abimée, ses yeux bleus, son parler imagé. Pendant deux heures Fabienne Godet ne filme que lui ou presque, il déverse sa vie, refait les schémas de ses escapades. L'enfermement l'a rendu presque fou, en tout cas violent, très violent. Mais il ne l'a jamais vaincu. La rage, la colère, la soif de liberté, puis la méditation, le yoga, l'introspection l'ont empêché de sombrer, ou de se tuer.La parole de Vaujour est posée, les mots employés méticuleusement. Il nous ouvre la porte de son cerveau, dresse l'inventaire précis, circonstancié, des pensées et du ressenti d'un homme condamné à l'enfermement. Vaujour est revenu chez les siens, à la campagne, loin du béton et du gris. Fabienne Godet le filme au milieu de sa famille et quelques potes. Il se dégage comme un apaisement, même si on devine les brisures intérieures. Peu importe la bravoure lupinesque des échappées belles, ce qu'on retient ici c'est la descente aux enfers entre quatre murs de béton. A méditer au moment où on essaie de nous convaincre que l'enfermement à 12 ans a des bons côtés.
S.

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