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jeudi 12 février 2009

Von Wegen

Le mur n'est plus mais à Chekpoint Charlie, les Einztürzende Neubauten ont besoin de visa et de passeport pour passer de l'autre côté. A Berlin Est. 21 décembre 1989, le rideau de fer est tordu mais les deux Allemagnes existent toujours. On pourrait appeler ça un road-movie, un voyage de Kreuzberg à Lichtenberg, de l'ouest à l'est. Un trajet bouclé aujourd'hui en 40 minutes, qui prend au réalisateur presque deux heures.

Von Wegen reprend le chemin du premier concert à l'Est des Neubauten, groupe emblématique du Berlin Ouest. Pendant que le groupe embarque les instruments dans le camion, et s'apprête à filer de l'autre côté, Uli M.Schüppel ami du groupe, filme cet inhabituel trajet. 20 ans plus tard, il a retrouvé des spectateurs et suivi avec eux la route empruntée ce soir là pour se rendre au concert devenu historique. "On n'y croyait pas. On était tellement surpris que les Neubauten se déplacent jusqu'à nous", explique l'un d'entre eux. Et qu'ils jouent à l'Elektrokohle, une entreprise étatisée, avec grands lustres et hall solennel. Pas vraiment dans le style bruitiste du groupe le plus célèbre de Berlin. C'est là qu'ils se rendent tous. Ils racontent comment les disques de Neubauten circulaient, comment on les écoutait religieusement entre potes, et la Stasi qui écoutait. Comment Heiner Müller, un ami de Blixa Bargeld, le leader du groupe, fait un discours avant le concert, et traine dans son sillage une délégation française pas prévue au programme et venue en limousine blanche! Jack Lang et d'autres huiles du ministère de la culture font une apparition surréaliste dans les loges du groupe (voir la photo). Interrogé par les médias Blixa Bargeld désamorce toute portée politique du concert. N'a pas de message à faire passer particulièrement. Il veut que ce soit un concert, dans sa ville. "Je vis à 2km d'ici, ce n'est pas si surprenant que je sois là". Pourtant le concert s'est bien inscrit dans les mémoires collectives comme un moment fort du Berlin réunifié. les Neubauten ont été les premiers à se déplacer à l'Est. 20 ans plus tard les vieux spectateurs retrouvent un Elektrokohle taggé. De la salle il ne reste que les plafonds décrépis, le reste a été reconverti en entrepôt. Sans prétention Von Wegen raconte les impressions d'alors, les réflexions d'aujourd'hui, la portée d'un événement dans un Berlin recouvrant timidement la liberté. 
S.

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