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lundi 9 février 2009

Bellamy

Conformément à ses vœux que les dinosaures du cinéma soient écartés des compétitions officielles des festivals, le dernier né chabrolesque est présenté à Berlin dans la catégorie "spécial", hors course. Pour le beauté du geste d'être encore là, 50 ans après l'ours d'Or et Les Cousins. Ils ont fait pareil avec Angelopoulos, Costa Gavras, et le patriarche de Oliveira. Il se pourrait bien qu'ils aient quand même encore tous quelque chose à nous apprendre. Je ne saurais dire si Bellamy est un bon crû Chabrol, un bon film. C'est DU Chabrol, et cela suffit à me réjouir. Une histoire policière, familiale, romantique et banale. Une dose subtile aussi noire qu'aimable.
Depardieu est de retour. Gros, très gros même "un éléphant" qui prend beaucoup d'espace dans le cadre et dans le scénario. Bellamy est un flic, un commissaire, célèbre même. Il a publié des mémoires, et les gens le reconnaissent dans la rue. Mais Chabrol a la bonne idée de le mettre en vacances, Bellamy. Le voilà pour un mois à Nimes, avec sa femme. Il ne faut pas cinq minutes pour planter une ambiance toute chabrolienne. Générique, la caméra nous porte sur la tombe de Brassens, à Sète, élargit le champ voici Sète au loin, blanc, on s'approche de la falaise, on regarde en bas, voiture accidentée, corps calciné. La suite se passe dans le jardin des Bellamy, un drôle de gars d'une élégance d'un autre âge (Jacques Gamblin), espionne, se cache, on dirait du pantomime. Dans un salon en velours bleu, Depardieu ronfle devant la télé, à la main des mots croisés, se réveille et dit "félicité". Voilà. En un tour de main Chabrol a réuni ses ingrédients favoris : une fait divers, un œil goguenard et malin, un décor banalement bourgeois, des secrets de famille qu'on étouffe. Le rodeur du jardin n'est autre qu'un arnaqueur aux assurances, recherché par la police, et venu trouver Bellamy pour lui confier son meurtre. Le flic en vacances ne cherche pas à résoudre une affaire, plutôt à dénicher les mensonges, ceux de cet Emile Bellet, peut-être aussi ceux de son frère en détresse, de sa femme pourtant si parfaite, des siens?Chabrol a écrit le rôle sur mesure pour Depardieu avait qui il n'avait encore jamais tourné. "J'ai créé ce rôle pour lui. C'est la première fois que ça m'arrive, je voulais un personnage qui dise un peu ce qu'est Gérard" explique Chabrol. L'acteur est donc ce Bellamy aimable et perspicace, charmeur et gourmand, aux contours lourds et rassurants. Mais son gros ventre pourrait être aussi tout ce qu'il cache et garde enfoui en lui.
S.

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