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jeudi 12 février 2009

Gigante

Une bonne surprise venue d'Argentine, un film minimal aux allures légères et anecdotiques qui l'air de rien donne un grand coup de pied à la société de consommation. Le géant c'est Jara (étonnant Horacio Camandule), chargé de la sécurité d'un supermarché, il vit presque invisible derrière les écrans qu'il surveille.
Grand corps un peu mou, Jara traverse la vie en individu invisible, caché derrière des écrans, ceux de la surveillance du supermarché ou des jeux de la Playstation. Appuyer sur des manettes, être assis ou allongé, manger un peu, rêver, chanter du hard rock sous la douche. Parce que Jara a quand même une passion, le hard rock. Adrian Binez recourt aux plans fixes, dans un cinéma réaliste aux clins d'œil burlesques. Rien n'est souligné, tout est suggéré, dans une ambiance de conte social presque muet. C'est encore par le truchement des écran de surveillance que Jara découvre le sentiment amoureux. Il zoome sur le visage de cette femme de ménage aussi menue qu'il est imposant. Bien au chaud dans son monde virtuel, cette relation sans retour lui suffit. Le voilà amoureux d'une image. Il faudra la violence du monde du travail et une vague de licenciements pour que Jara sorte enfin de sa réserve, se réveille au monde et à lui-même. Un premier film délicieux qui éveille en nous des sensations nouvelles. Peut-être Biniez croit-il un peu trop en ses tableaux burlesques. Ce cinéma du second degré, de l'image suggérée, où tout est à deviner, pêche parfois par un manque de rythme. Mais cela reste certainement le film le plus "frais" de la compétition.
S.

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