Journal du bord du festival berlinois depuis 2008

°critiques°interviews°rencontres°ambiance°images°

mardi 10 février 2009

Le côté clown de Chiara

Chiara Mastroianni a fait un saut de puce à Berlin pour présenter dans la section Forum la dernière comédie de Sophie Fillières "Un chat un chat" (voir critique de Raf). L'histoire d'une rencontre entre Célimène écrivain de 35 ans, en phase très transitoire, et Anaïs (Agathe Bonitzer, la fille de la réalisatrice) lycéenne entêtée et envahissante. Dans ce film verbe soigné, chaque réplique se déguste. Chiara Mastroianni s'y dévoile irrésistible et clownesque dans un registre qu'on ne lui connaissait pas. Je l'ai rencontrée dans les hauteurs de Potsdamer Platz, là où les attachées de presse sont reines et où les journalistes se plient à leurs désirs.
C'est la première fois que l'on vous voit dans une comédie. Qu'est ce qui vous a poussé à accepter ce rôle, le scénario, la réalisatrice ou l'envie d'ajouter la comédie à votre parcours?
Parce que c'était une bonne comédie! Dès que je l'ai lu, j'ai trouvé original cette façon de montrer une personne en difficulté tout en restant  joyeux et touchant. Ce n'est jamais complaisant. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut lire un scénario comme ça, avec des dialogues écrits de cette façon là. Célimène n'est pas une fille torturée, ce genre de portrait de femme trentenaire assez communs au cinéma. Elle n'est pas du tout déprimée, pas suicidaire, pas hystérique, juste un peu décalée. J'ai eu très peur avant le tournage, mais j'étais vraiment très heureuse de jouer dans dans ce registre parce que cela m'arrive très rarement. Par contre je ne peux pas du tout penser "Il serait temps que je fasse une comédie parce que je n'en ai jamais fait auparavant." Ca n'est pas moi cette vision de carrière. Je ne sais déjà pas ce que je vais faire dans six mois...
Célimène vous ressemble?
Je n'ai pas grand chose à voir avec Célimène. Et si c'était le cas cela m'ennuierait. Faire du cinéma c'est souvent une façon un peu lâche de s'éviter soi. Certains comme moi se disent que c'est finalement bien agréable (Rires). Je crois que cela ne m'amuserait pas du tout un personnage qui me colle. Et puis moi je ne mange pas de camembert.
Et les gâteaux? [Célimène est somnambule et la nuit elle fait des gâteaux en dormant]
C'est assez dingue... quand j'ai visionné le film, je me suis rendue compte que cette histoire de gâteau c'était un pied de nez à Peau d'âne. Dans Peau d'âne elle (sa mère, Catherine Deneuve, ndlr)  fait son gâteau sans mettre un gramme de farine à côté, elle est impeccable. Moi j'en ai partout!
Il y a des moments où Célimène parle très peu, mais votre visage est très expressif, clownesque. Vous vous connaissiez ce talent?
Je n'avais jamais pu tester ça auparavant, à part avec mes enfants. J'ai plutôt eu des rôles dramatiques qui ne s'y prêtaient pas trop. D'habitude on me demandait plutôt l'inverse, on me disait "attention ça bouge trop" (elle lève les yeux qu'elle a effectivement très mobiles). Ca m'a aidé d'avoir en tête les films comme ceux de Vittorio De Sica, pour pouvoir faire ressortir ce côté là. Parfois je me disais "t'en fais trop" mais en repensant à ces comédies, je me rendais compte que non.
Comment Sophie Fillières vous a t-elle dirigée?
Elle était très précise sur les mots. C'était vraiment un mot et pas un autre. Ce n'est pas pour rien qu'elle a appelé son film "Un chat un chat". Ca fait du bien un français aussi beau, pouvoir en tant qu'acteur profiter de toutes les nuances d'une langue. Avec Sophie, on a vraiment ce goût de la langue en commun. Nous apprécions ces ambiguités qui sont ignorées aujourd'hui parce qu'il faut parler plus simplement, plus facile. Un personnage qui est capable de dire "c'est ça je me débibauche" quand elle se sépare de son ami, c'est merveilleux.
Qu'est ce que vous avez fait après le tournage?
J'ai tourné "Non ma fille tu ne vas pas danser" avec Christophe Honoré. C'est l'histoire d'une femme qui sort d'une séparation avec le père de ses deux enfants et qui a une relation très forte avec eux mais pas conventionnelle. Elle se retrouve en vacances en famille. Ils veulent tous son bien mais ne prennent pas vraiment en compte ce qu'elle est.
Et la musique?

La musique c'est plus dans un cadre privée. La première fois c'était vraiment un truc spontané, pas destiné à être publié. Refaire un disque, ça m'amuserait avec Benjamin, parce qu'il y a autre chose que la musique. Mais chanter pour chanter, non.
Steffi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire