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jeudi 12 février 2009

Food Inc., navrant

Dieter Kosslick, le directeur du festival, nous prévient dès la deuxième ligne de l'édito du programme : Food Inc. va déchirer, c'est LE FILM qui engage la Berlinale dans la voie de la contestation anti-mondialiste, etc etc. Eh, Dieter, il y a combien de temps que tu n'as pas ouvert un journal ? Plus grave, combien de films sur le sujet as-tu vu ? C'est fou de tomber des nues comme ça !
Pêle-mêle : les poulets sont élevés en batteries et font caca dans leur mangeoire (et vice et versa), les steaks de bœuf sont des armes de destruction massive qui font pleurer les mamans dont les enfants de 2 ans mangent des hamburgers, sauf ceux de McDo qui sont nettoyés à l'ammoniaque,  l'industrie alimentaire est aux mains d'une poignée d'entreprise, il y a des OGM dans tous les produits de m... américains, Monsanto est une entreprise qui truste de manière odieuse la production de maïs, tout cela entraînant la prospérité de toute une industrie de méchants qui sont de mèche avec Bush et puis aussi Rumsfeld et puis aussi Clinton et puis aussi nous parce qu'on est des crétins qui achètent ces produits tandis qu'en vrai on devrait les acheter aux producteurs bio qui sont beaucoup plus gentils.
Il n'y a certainement rien de faux dans ce film. Personnellement je n'ai rien appris. Comme qui dirait une compil d'"envoyé spécial" et "zone interdite", où on entrerait dans toutes les usines à merde dédiées à nourrir l'homme. Enfin l'homme américain, puisque Robert Kenner ne pense jamais qu'il y a un reste du monde, dont une moitié d'ailleurs crève la dalle. Des leçons d'humanité qui oublient quand même que des milliards de gens ne mangent que ce qu'ils cultivent, et que ça n'en fait pas pour autant des êtres sains et heureux. Enfin passons sur les digressions. La dernière séquence du film (et oui, je suis resté jusqu'à la fin pour être honnête dans mon jugement) est un best-of des meilleures phrases entendues au éco-market de Soho à NewYork, ou Kollwitzplatz à Berlin : morceaux choisis, tenez-vous bien : "mangez des légumes", "achetez des produits bio", "Mangez ensemble en famille", "Mangez autour d'une table" (sic!). Je ne doute pas qu'une partie des gens ont besoin d'entendre ça, mais moi ça m'a fait partir, hilare, avec un regard empli de pitié vers l'équipe du film, qui attendait dans l'escalier son triomphe.
Le fait est qu'une poignée d'ahuris ouvrent les yeux maintenant sur ce que d'autres disent depuis des décennies. Ils auraient tort de s'en priver, c'est toujours de l'info qui est tout à leur honneur. Par contre le fait de sélectionner ce film, et d'en faire grand tapage (ouverture du festival, de l'édito et de la conférence inaugurale de Kosslick) nuit singulièrement à la crédibilité du festival.
Enfin, ça c'est mon avis...
R

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