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samedi 7 février 2009

Un chat un chat - la bonne surprise

"Un chat, un chat" de Sophie Fillières est un film qui dessine le portrait d'une femme perdue, écrivain en manque d'inspiration, en galère sentimentale et financière dans la petite bourgeoisie parisienne. De visites chez le psy en cours de danse classique, de rencontres fortuites dans des brasseries de boulevards en chassé-croisés de regard dans une rame de métro, on a l'impression qu'on connaît déjà le personnage, voire qu'on a déjà vu le film. Et pourtant : surprise !
Qu'est-ce qu'on s'amuse, quel verbe ! Des rasades de bonnes tirades, à l'humour très fin et très écrit, se succèdent dans la bouche d'acteurs malheureusement inégaux. Chiara Mastroianni campe Célimène, auteure bien troublée du bulbe, qui se fait appeler Nathalie depuis son adolescence. C'est assez savoureux de voir cette actrice s'amuser ainsi, tantôt clown aphone dans une scène bilingue d'anthologie, avec "son regard de biche alanguie", tantôt maman paumée en jogging bleu. Agathe Bonitzer, la fille de Pascal, lui donne la réplique dans le rôle d'Annabelle/naïs, étudiante en hypokhâgne, groupie en quête d'existence, qui harcèle Célimène pour qu'elle soit le sujet de son prochain roman. L'interprétation est beaucoup moins bonne, mais finalement sert le personnage, jeune prétentieuse, ambitieuse et médiocre, mais innocente et fraîche. "Tellement fraîche que même en pantalon, elle a l'air d'être en jupe", selon Célimène.
Autour de Célimène et de son charmant fils Adam, 7 ans, gravitent des personnages secondaires, sa mère (Dominique Valadié), son ex (Malik Zidi), et sa copine (Sophie Guillemin et son anglais impeccable) qui ont tous en commun une malice communicative, ancrée dans la "vraie vie" qui contraste de manière réjouissante avec l'univers un peu exclusif des deux personnages principaux. 
Il ne s'agit pas là du énième des films pariso-psychologico-nombrilo-pénibles, qui réduisent le cinéma français à une touche d'exotisme chic destinée à un public intellectuel new-yorkais -ou berlinois!- et énervent le public français, peiné avec raison de ce pseudo-héritage de la nouvelle vague, qui n'a plus rien de subversif, de nouveau, de dandy ni même de décadent. 
Sophie Fillières joue dans la cour des Bacri/Jaoui ou Resnais, et non pas avec les mièvres Honoré, Desplechin, Valeria Bruni-Tedeschi à qui elle a piqué leur actrice fétiche pour notre plus grand bonheur. Meilleure en scénario et en dialogue que dans la direction d'acteur, on se réjouirait de la voir travailler en duo avec un bon metteur en scène. 
Enfin ça c'est mon avis...
Rafael.

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