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samedi 7 février 2009

Ricky

Mais qu’avait donc en tête Francois Ozon en réalisant ce film ? Réponse de la bouche de l’intéressé : un mélange de fibre réaliste et de fantastique, une œuvre qui brouille les pistes, perturbe le spectateur, déroule un scénario aux orientations inattendues. Du social il ne plante que le décor, une barre d’immeubles, une usine, Katie, une mère élevant seule sa fille Lisa, et se recasant avec le premier venu qui lui taxe une cigarette, Paco. Pour le fantastique il y a Ricky, le bébé magique, qui ne parvient pas à nous faire décoller très haut de cette réalité. Du coup le brouillage de piste se résume en une histoire bancale qui ne choisit jamais son camp et tourne vite au ridicule. N'est pas Lynch qui veut.
C’est peu dire que Ricky est navrant. Sergi Lopez et Alexandra Lamy rament pour nous faire croire à leur histoire d’amour vite faite, conclue le temps d’une pause déjeuner dans les chiotes de l’usine. Il faut dire qu'ils sont peu aidés par un Ozon recourant à des procédés narratifs plus qu’elliptiques. La botte secrète Ricky, bébé hybride et monstrueux, ne nous fait pas le moins du monde frissonner. On ne décrira pas plus la transformation, tant le film tient sur CETTE unique idée, qui n’est même pas d’Ozon puisqu’il l’a piquée dans une nouvelle anglaise de 12 pages. Lâchons seulement que la métamorphose du Ricky nous vaut de grands moments de ricanements. Ozon appuie bien fort sur la pédale "ridicule", ce qui fait dire à Sergi lopes. "A un moment on se dit mais qu'est ce que c'est? c’est nul ou quoi ? puis on se laisse porter". Moi, je n’ai pas dépassé le premier stade. Cela tient sans doute aussi à la prestation boudeuse et insipide d’Alexandra Lamy, aux dialogues plats et attendus. Heureusement dans ce magma boueux s'élève une herbe fraîche : Mélusine Gayance qui joue la petite fille de 9 ans sauve le film. C'est bien la seule à donner de la crédibilité à ce conte moderne invraisemblable. Ses petites dents qui déchiquètent les ailes de poulet, ses regards appuyés et inquiétants, ses sliences équivoques nous procurent enfin quelques frissons dans ce film maladroit et ennuyeux.
Steffi

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