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jeudi 18 février 2010

Nostalgie(s) new yorkaises

La section Panorama a offert un panel de documentaires hantés par un New York perdu, où l’ombre de Warhol s’invite comme un fantôme têtu. “New York memories” du réalisateur berlinois Rosa Von Prauheim se construit sur le jeu d’un avant-après. Sur les traces des protagonistes de son documentaire “Überleben in New York” tourné 20 ans auparavant, le réalisateur en profite surtout pour faire le point avec cette ville chérie où il dit avoir vécu ses meilleurs moments. Envolés les lieux de perdition gay, et l’effervescente scène underground. Le New York de 2009 s’est policé, embourgeoisé, aux lofts d’artistes ont succédé des banques.
Très personnel, le film prend du temps à nous convaincre de la démarche de Rosa Von Prauheim mais finalement ça marche totalement. Toutes ces protagonistes (que des femmes) ont trouvé leur chemin pour survivre et s'accorder au tempo rapide de la ville. Les plus jeunes - deux soeurs artistes - continuent le struggle for life pour se faire une place dans la vie artistique new yorkaise. En attendant elles bossent dans des restos pour payer des loyers indécents. Elles semblent loin les années 60 de la Factory évoquées dans “Beautiful darling : Candy Darling, Andy Warhol, Superstar”, documentaire de James Rasin sur la vie de cette comète trans incandescente portée aux nues par Wahrol et Lou Reed avant de crever dans l’oubli au milieu des années 70. Le film remonte le fil de sa vie à travers films, photos et documents d'époque, et surtout son ami intime qui n'a cessé de lui vouer un culte depuis sa disparition. Cette époque où l’intensité et l’urgence comptaient plus que tout, Joey Arias l’a connue. Artiste queer de la bande à Warhol et à Klaus Nomi, il est l’un des rares rescapés de cette scène décimée par le Sida et la défonce dans les années 80. “Artist with a twist” raconte la genèse de son dernier spectacle avec le marionnettiste Basil Twist sur un ton élogieux parfaitement agaçant. C'est dommage parce qu'il aurait pu nous raconter autrement cette histoire de de survie new yorkaise. Le documentaire se termine sur une scène de la Gay Pride berlinoise. Comme si Berlin avait pris le relais de New York comme capitale de l’underground, encore abordable, encore permissive. Jusqu’à quand?

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