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mardi 16 février 2010

Nénette - tête à tête avec un orang-outan

Pendant une heure et demi, il n’y a qu’elle sur l’écran. Grands yeux, chevelure épaisse tendant sur le roux, moue blasée, déplacements lents, pause. Elle, c’est Nénette, actrice principale et muette d’une film qui se joue malgré elle. La doyenne des Orangs-outans du jardin des Plantes à Paris est au centre du dernier documentaire de Nicolas Philibert projeté à la Berlinale dans la section Forum. Le cinéaste français connu pour son film “Etre et avoir” est tombé en arrêt devant cet animal-monument né en 1969 à Bornéo et vivant depuis plus de 35 ans en captivité.
“Peut-être que ce que j’ai aimé, c’est cette présence distante teintée d’indifférence qui lui donne une sorte d’aura, de souveraineté”, explique t-il. Il devait en faire un court-métrage, voici finalement un long pendant lequel la caméra ne quitte pas une seconde la vitre de la cage. “Le dispositif du face à face m’a emmené plus loin que ce prévu. Au montage ça s’est confirmé, à partir de là le film s’est fait tout seul”. Ce procédé fait en effet tout le charme de ce film lent et contemplatif. A Nénette l’image, aux visiteurs la parole. C’est qu’il en défile! Chaque année 600000 personnes visitent le Jardin des Plantes. Elèves et professeurs, étudiants en beaux arts et touristes, philosophes, soigneurs et experts commentent ses faits et gestes, s’amusent, s’interrogent. Pendant que tout ce petit monde devise et s’agite Nénette reste impassive, soutenant les regards jusqu’à qu’on ne sache finalement plus très bien qui regarde qui.
Steffi

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