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mardi 16 février 2010

Der Raüber - Sauve qui peut

Nous voilà à mi-compétition, et contrairement aux journaux allemands de ce matin, je ne dirais pas que Der Raüber, premier film allemand entré en compétition hier, ait fait basculé la course à l'ours d'or. Peut-être n'avons-nous pas vu le même film, peut-être me manque t-il encore quelques gènes d'alémanité pour m'ébahir devant ce film terne, sec, stérile, sauvé du désastre par l'interprétation magnifique de son acteur principal, Andreas Lust.

Lui seul donne de la chair à ce personnage tiré d'une histoire vraie nous précise dès le générique le cinéaste Benjamin Heisenberg  comme si cela devait nous influencer pour regarder la suite - donc à ce personnage de braqueur solitaire, champion de marathon, qui a tenu l'Autriche en haleine pendant quelques années avec ses cambriolages de banque. Quasiment muet, Johann Rettenberger possède une énergie toute intérieure, une force dont on ne sait par quoi elle est motivée. Le voleur au fusil à pompe l'avaient-ils surnommé. Les pompes, c'est également celles qu'il porte aux pieds, des chaussures de course puisqu'il est avant tout un coureur, qui n'a cessé de s'entraîner, même pendant ses années de tôle. C'est un loup solitaire, incapable de se plier aux lois du monde, volant pour la beauté du geste, sans jamais toucher aux liasses de billet cachées sous le lit. Cette histoire ne pouvait se terminer que par une chasse où l'homme traqué déploie tout l'arsenal de la survie. Ce film peut se lire comme une métaphore du monde moderne, de notre capacité ou non à se plier à ses contraintes, d'accepter la norme, la règle, de survivre dans un environnement devenu hostile, beaucoup plus que la nature dans laquelle il trouve refuge pendant la traque. Mieux vaut le prendre ainsi et s'évader des images sans relief, d'une dramaturgie absente, d'un enchainement de scènes - courses, braquages, courses, braquages- d'une platitude navrante et surtout de dialogues indigents - heureusement il y en a peu. Ces scènes où le braqueur masqué part en courant avec son butin sous le bras en plein centre de Vienne sans que personne ne réagisse ont provoqué quelques ricanements dans la salle. Et peu importe que cela se soit passé comme ça, cela n'excuse pas le réalisateur de ne pas avoir réussi à le traduire correctement sur l'écran. Si c'est là ce que le cinéma allemand a de mieux à offrir il y a de quoi déprimer. Moi j'ai eu l'impression de regarder un téléfilm dont on aurait gommé l'aspect distrayant.
Pour l'heure d'autres cinéastes se sont montrés plus inspirés, plus percutants, plus aptes à développer un univers propre, une signature. Je retiendrai surtout If I want to whistle I whistle, premier long métrage très fort de Florin Serban et The Ghost Writer de Polanski, avec également une bonne note au mutique Bal (miel) du réalisateur turc Semih Kaplanoglu.

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