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samedi 12 février 2011

Schlafkrankheit

Ah les premières huées. Et pour un film allemand en plus. Les journalistes n'ont pas été tendres ce matin même si en écho on a entendu un retentissant 'Bravo!". Je n'ai pas été jusque là mais effectivement on se demande ce que fait ce film dans une compétition aussi restreinte. L'affiche était pourtant belle : une forêt sombre et touffue mangeant une vieille bâtisse d'où ressort une sale tache claire la chemise jaune d'un homme noir.
Schlafkrankheit - la maladie du sommeil - du réalisateur Ulrich Köhler rejoue le thème rebattu - enfin peut-être moins pour les Allemands- de l'expat englué dans son exil sans vraiment y apporter un nouveau soufflle. L'action se passe au Cameroun. Ebbo  Velten (Pierre Bokma), directeur de programme de lutte contre la maladie du sommeil doit quitter le pays. Sa femme Eva veut revenir vivre en Allemagne pour leur fille adolescente qui y fait ses études depuis deux ans.  En quelques scènes on comprend qu'Eva est fatiguée de cette vie, qu'elle n'est pas faite pour les palabres sans fin ni les rapports de force avec les domestiques, là où son mari excelle. Elle a des envies de Heimat, pas vraiment partagées. 'Tu vois Ebbo prescrire des vaccins et des médicaments anti-palu à des touristes allemands?" lui lance Gaspard, un  Francais grande gueule joué par un Hypolite Girardot parfait dans le rôle de l'expat à l'ancienne, qui carbure aux filles faciles locales et aux projets touristiques véreux. Effectivement Ebbo ne parvient pas à se décider. Dans cette maison vide, ou il erre seul, il vacille. Il ne partira pas. Deuxième volet introduit par un long noir assez lourdingue. Nous voici projetés quelques années plus tard. Un jeune médecin noir français arrive pour évaluer la mission d'Ebbo. Il le retrouve au milieu de la forêt dans un hôpital presque à l'abandon, sa nouvelle femme sur le point d'accoucher. Ebbo semble s'être ancré définitivement à moins qu'il ne soit perdu à jamais. Dommage que Jean-Christophe Folly incarne aussi mollement son rôle de jeune Français noir mal à l'aise en Afrique, incapable de s'adapter à la mentalité locale. il joue tout de manière exagérée, sans qu'on n'y croit jamais. Je pense bien sur à ce White Material de Claire Denis. Sans être son meilleur film, il nous faisait parvenir un rythme, des sensations, quelque chose de cette irrationalité qui attache ces exilés à l'Afrique peu importe les conséquences. Parfois Schlafkrankheit approche cet état comme dans ces scènes sur le fleuve ou dans la forêt. Mais jamais Ulrich Köhler ne laisse le temps au spectateur de respirer, de s'imprégner. La mise en scène peu inspirée laisse peu d'espace au mystère. C'est plat, sans aller jusqu'à dire soporifique. Mais c'est sur que le titre du film sera utilisée avec méchanceté demain dans la presse.

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