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mardi 15 février 2011

Jeux de couples : plutôt Bergman que Miranda July

Ne pas désespérer au beau milieu de la compétition. Se dire qu'il y en aura bien un qui nous mettra d'accord. Ce ne sera pas Miranda July. "The Future" était projeté ce midi entre le film iranien Nader and Simiti - A separation, et celui de Bela Tarr que je n'ai pas pu voir. Die Welt a titré sur son site qu'ils avaient trouvé l'Ours d'or avec le film iranien. Je le vois normalement demain soir, mais j'avoue que je suis méfiante. Mais revenons à Miranda, son futur chat adopté et son couple égaré.
L'artiste cinéaste, designeuse, touche à tout n'a pas tant failli au jeu de la jolie fable sentimentale de son temps. Un couple de trentenaires californiens s'ennuie ferme entre boulots alimentaires, vie sociale raplapla, addiction à internet et allergie à la vie adulte. C'est qu'ils s'étaient vus en haut de l'affiche, jeunes, beaux, riches et épanouis. "Je crois que nous sommes prêts" tremble Vera comme pour relancer l'espoir. Prêt à... adopter un chat à la SPA du coin.  Jason est pris de panique. Et si leur vie était définitivement foutue. Ils se donnent un mois, jusqu'à l'arrivée du chat, pour tout reprendre à zéro, et se réaliser enfin. Elle se lance dans une danse par jour sur youtude, lui fait du porte à porte pour vendre des arbres et sauver la planète. Pendant ce temps le chat attend, s'imagine un "future" avec une voix off à la E.T. Fable générationnelle? Sûrement un peu. C'est joliment dit, délicieusement loufoque et parfaitement léger comme un soufflé qui retombe très vite. Les amants se perdent, bien trop paumés pour pouvoir se raccrocher l'un à l'autre. La bouée vient de l'extérieur, un père mûr, bourgeois et responsable pour Vera. Un vieillard loufoque et solitaire pour Jason. Mais ça aussi les effraie vite. Quand l'espace-temps joue des siennes on pourrait presque croire à un film de Gondry. Mais non Miranda joue plus ténu, en sourdine. Les deux personnages sont touchants, et un brin désespérants. Le fil de l'histoire se déroule sans vraiment avancer. Au jeu des couples chancelants Ingmar Bergman est tout de même beaucoup plus drôle. 
J'ai vu hier soir Sourires d'une nuit d'été dans le cadre de la rétrospective, un film tourné en 1955, qui lui avait valu le prix de "L'humour poétique" du festival de Cannes. Pourquoi de tels prix n'existent plus? Ca inspirerait peut-être nos cinéastes. Brassant les générations et les milieux, Bergman signe là un délicieux marivaudage entre trois couples, l'avocat cynique dans la fleur de l'âge et sa jeune femme si jeune qu'elle se refuse encore à lui, le fils trop sage et mal dans sa peau, le militaire autoritaire infidèle et sa femme malheureuse, l'actrice indépendante et convoitée. Les amours jeunes sont les plus beaux, les autres sont pathétiques et compliqués à moins qu'on ne se prenne pas au sérieux. Sous l'apparence de la comédie de moeurs, ce film extrêment sensuel se lit comme un hommage aux femmes dans la belle lumière des jours sans fin de l'été suédois. Les hommes ne leur arrivent pas à la cheville. Elles les manipulent et les ridiculisent. Mais en tombent encore amoureuses. Jamais grave, mais profond, sobre et hilarant, à la fois ce Sourires d'une nuit d'été a agréablement conclu la mienne.

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