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samedi 12 février 2011

Qualunquemente / Almanya : quand la Berlinale se marre

Je sors gerade de Almanya Wilkommen in Deutschland, gentille comédie sur la culture turco-allemande qui a le mérite d'aborder par le rire le débat sur l'intégration qui a depuis quelque temps tourné à l'islamo-bashing en Allemagne.
Là, la recette confectionnée par deux sœurs turco-allemandes Yasemin et Nesrin Samdereli (d'origine turques, nées en Allemagne) prend le point de vue d'une famille turque pour raconter la vague d'imigration des gästearbeiter des années 60, puis les 2e et 3e générations. Il y a de bonnes trouvailles, comme la manière d'aborder à l'écran la langue étrangère ou le retour de toute la famille sur les lieux de naissance des parents. Mais cela ressemble un peu trop à un "modèle" tout empaqueté pour promouvoir le multikulti. La recette est assez simple : prenez quelques grammes de narration off version Amélie Poulain,  agrémentez d'un peu de couleurs saturées pour faire joli, ajoutez un bus familial regroupant plusieurs générations à la Little Miss Sunshine, piochez un patriarche macho mais sympa avec, des naissances et une mort,  et bien sûr n'oubliez pas les clichés sur les étrangers (en l'occurrence les Allemands). Pour n'en citer que quelques uns : ils mangent tous du porc, ils partent tous en vacances à Majorque, ils sont disciplinés et leurs  fonctionnaires sont incroyablement obtus. Vous obtenez un bon produit formaté drôle, juste ce qu'il faut de mauvais goût, insolent mais pas provoc, qui se termine par un beau discours devant la Kanzlerin sous les yeux émus de toute la famille turque moderne, modèle et intégrée. Amen, euh pardon, Prost!. Almanya Wilkommem in Deutschland devrait faire un carton au box office, c'est sincèrement pas mal dans le genre on ne voit juste pas tres bien ce qu'il fait dans la sélection 2011 de la Berlinale.
On pourrait dire la même chose du film italien Qualunquemente, proposé dans la  dans la sélection Panorama, plutôt réputée pour ses films gays et ses découvertes du monde entier que pour ses rires gras et ses gags kitch. Là on est servis, c'est gros sabots paillettés, crachats et machisme. Au moins on ne donne pas dans le gentillet : un peu comme si Bienvenue chez les chtis avait croisé Dikkenek. Le héros c'est Cetto La Qualunque, interprété par Antonio Albanese que je décrirais comme un croisement entre Fernandel et Aldo Maccionne. Ce gros bras calabrais revient de quatre ans d'exil pour échapper à la prison, et se met en tête de devenir le  maire de sa petite ville Marina di Sopra. Au village évidemment on ne veut pas observer la loi, on ne paye pas d'impôts, on ne travaille pas non plus, on n'aime pas la culture, on préfère les femmes à gros cul gros seins, surtout moitié à poil, on achète les politiques - à moins que ce ne soit eux qui vous achètent- les femmes sont des mères et des putes en même temps, les hommes sont tous sans exception des gros porcs. C'est grossier, kitch sans parler des costumes criards, des coiffures ringardes et des mains baladeuses. Bon je fais des comparaisons avec Almanya mais ça provoque un tout autre rire :  celui-ci vous échappe, haut et fort, pas de sourire, pas de ricanement entendu. En gros soit tu ris gras soit tu te casses tellement t'es atterré. C'est marrant c'est exactement ce qui s'est passé. Faut dire que cet humour potache italien n'est pas vraiment dans les canons de l'humour allemand - euh, si si parfois ils en ont -. Moi j'avoue avoir éclaté de rire quelques fois, entrainée par mon voisin de droite qui faisait pas dans la dentelle. Bref voilà où nous emmène l'Italie berlusconienne semble nous dire le réalisateur Giulio Manfredonnia, voilà où nous en sommes et c'est pas joli joli, surtout au Sud. Une seule certitude, ce film ne développera pas le tourisme allemand en Calabre.

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